les Montagnards Unis

Le choix et la prévision de l'itinéraire

1- Où trouver les infos ?   ( pas avec un GPS...)
2- Le temps de marche
3- Etudier la carte
4- Sentiers et refuges
5- Anticiper l'aspect de la montagne
6- Prendre des repères, se situer sur le terrain et s'orienter
7- Et la boussole ?
8- Mémento "orientation en montagne" 
  (  document réalisé par le GUM - Grenoble Université Montagne)



1- Où trouver les infos ?


Pour une sortie d'une journée, comme pour une balade de plusieurs jours, choisir et préparer son itinéraire, c'est déjà de la sécurité, c'est déjà faire les premiers pas du montagnard. 
Savoir où l'on va et comment on y va, savoir où l'on est, c'est très rassurant...

Bien sûr, il y a les brochures touristiques, les renseignements qu'on peu glaner sur le Net,  etc. , et aussi les "topo-guides" vendus dans le commerce... 
Mais  tout cela ne vaut rien, je trouve,  sans la carte au 25 000ème de l'Institut Géographique National.
1 centimètre sur la carte équivaut à 250 mètres sur le terrain, 4 centimètres pour 1 kilomètre, c'est très détaillé...

Grâce à un Etat en France, qui a été centralisé depuis longtemps, grâce à Louis XIV, Napoléon et les Services publics développés  après la Résistance, nous disposons pour la France de très bonnes cartes, riches de renseignements. Ce qui n'est pas forcément le cas de l'Espagne, de l'Italie et même de la Suisse.

Laissez tomber le GPS, on ne traverse pas le Sahara ni l'Antarctique !
Ce n'est un tel accessoire technologique qui vous permettra d'être autonome.
La liberté et la sécurité, c'est la carte + la boussole.  ( en y ajoutant éventuellement, un altimètre)

Savoir lire et étudier une carte, savoir en tirer tous les renseignements qu'elle contient, savoir  aussi comparer cette montagne plane sur papier  avec la montagne sous vos pieds et devant vos yeux ... Tout cela  s'acquiert en pratiquant, c'est comme pour le vélo !


2- Le temps de marche

Une règle que je me donne toujours, pour le plaisir comme pour la sécurité =  prévoir large, très large.

Un adulte, d'une santé normale,  même sans aucun entraînement, même absolument pas sportif, parcourt aisément 4 km en une heure, sur le plat et sur un sentier "normal.
5 heures ( càd 20 km.) d'une telle marche en   une journée sont sans aucun problème.

Evidemment, la fatigue et les difficultés s'accroissent avec un sac plus lourd, avec des chaussures qui font mal aux pieds, le mauvais temps, la nature du sentier (ou du non-sentier), la technique que l'on a acquise ou pas ...

Et quand ça monte ?
Idem, un marcheur normal, sur un cheminement normal, sans charge sur le dos, s'élève assez tranquillement de 300 m en une heure.
( d'autres disent que 100 mètres de dénivelé équivalent à 1 km de plat...)
L'accumulation de dénivelé fatigue plus que le plat. La descente aussi. ( à cette  fatigue, s'ajoutent les effets de l'altitude, de la raréfaction de l'oxygène, qu'on peut ressentir dès 2000, 2500 mètres)
Bref, 1000 ou 1200 mètres de montée en une journée, c'est déjà bien, surtout si l'on est chargé.



3- Etudier la carte

     La préparation sur carte, c'est déjà parcourir la  montagne.
La randonnée ou la course alpine, c'est affaire de choix et d'anticipations, de marge de manoeuvre plus ou moins étendue que l'on se ménage  ( cf >>> "Philosophie du montagnard <<< ).
La première des choses à faire, c'est de prendre  connaissance de la carte et de sa légende.


  Vérifier d'abord  l'échelle (certaines cartes, par ex, sont au 50 000 :  du coup, sur le terrain, si l'on croit  "naviguer" avec une carte au 25 000, la distance jusqu'au col  ou jusqu'au refuge sera le double de celle qu'on imagine...)

   Les courbes de niveau ( sur les cartes IGN, en général, elles vont de 10 m.  en 10 m.) = plus ellles sont resserrées, plus la pente sera raide. Très utiles aussi pour  deviner où se situera un petit plat,  qui permettra de poser la tente le soir.
 
  Avec la carte, on apprend déjà beaucoup de choses sur la  nature du terrain =
- les barres rocheuses, les falaises abruptes, les éboulis de rochers et de pierres ...
- névés permanents, aspect du  glacier ( avec les zones les plus crevassées par ex., les endroits où se trouvent le plus probablement les séracs)..
- les endroits plats qui deviennent marécageux en été ( et la miniscule bosse où l'on plantera la tente au sec...)
- le mince filet d'eau pour la cuisine du soir, ou le lac minuscule et peu profond avec une eau  bien chauffée par le soleil et qui vous permettra de prendre une bonne douche ( dans l'après-midi !!!)     Plus d'infos sur  >>  l'eau en montagne <<


4- Sentiers et refuges

    Les cartes IGN  indiquent très bien les grands sentiers balisés sur le terrain, et même des itinéraires hors sentiers mais fréquentés, certains passages plus dangereux sont signalés. Certains grands itinéraires de ski de randonnée sont visibles aussi( mais pas tous, loin de là).
    Il faut vérifier tout de même, et   prendre sans erreur et fréquemment des repères sur la carte / sur le terrain, les comparer =  rien ne ressemble plus à un sentier qu'à un autre, une balise à une autre. Une confiance excessive, sans vérification des repères, vous conduira à suivre longuement un sentier qui vous mènera à un endroit inattendu...
    Ceci dit, les pancartes sur le terrain sont de plus en plus fréquentes...
    Mais l'IGN indique de moins en moins les sentiers les moins fréquentés, les  itinéraires hors sentiers. Principe de précaution (ou de "parapluie") de l'IGN et des autorités locales qui veulent se dégager de toute responsabilité en cas d'accident de randonneur...

     Les grands refuges ( c'est à dire ceux gérés par des organismes comme le Club Alpin Français)  sont mentionnés sans erreur ni oubli.
S'ils sont situés à deux heures au moins de la vallée, ils comportent toujours un "local d'hiver", librement accessible en dehors des périodes de gardiennage  ( qui vont en général de juin à septembre, sinon plus, notamment pendant  les vancances scolaires de printemps). .
     Mais , attention, de rares grands refuges sont "privés", et  ne laissent pas à disposition de local d'hiver, comme par ex. , en Belledonne,  le "refuge  des Sept-Laux".
Sur le Net, ou ailleurs, on trouvera facilement les renseignements utiles cocernant les "grands refuges".

      Pour les "cabanes", les choses sont plus incertaines, avec plus d'erreurs et d'imprécisions sur les cartes. 
  La carte fait la différence entre les "cabanes-refuges" accessibles aux randonneurs  et les cabanes qui sont fermées.
   Les "cabanes-refuges"  sont rares, sinon inexistantes en Haute-Savoie, en Savoie. Assez nombreuses dans les massifs isérois ( mais pas dans les Ecrins) ainsi que dans le Queyras et les massifs des Alpes du Sud,  frontaliers avec l'Italie. Fréquentes aussi en Italie, ( et souvent bien équipées)  où  cabane se dit "bivoacco".
  Cas favorable = sur le terrain, vous découvrez une  cabane-refuge que la carte ne mentionne pas, ..., youpi ! Le cas inverse est plus ennuyeux...
   Surtout, il faut  s'assurer que la cabane est réellement librement accessible comme le dit la carte.
   Le Net vous dira tout, cabane- refuge, ( et son équipement) ou cabane fermée,
   ( voir par  ex, sur ce blog,  >>  " infos pratiques et tuyaux divers" << )
 

5- Anticiper l'aspect de la montagne

   A la visualisation offerte par la carte s'ajoute une connaissance élémentaire de la montagne, dont l'aspect et la "problématique"   est  toujours la même, sur tous les continents.

- Versant ensoleillé ou pas, et selon les heures de la journée, combe étroite et froide, ou vallon resserré  entre des falaises et exposé au soleil qui peut devenir un vrai four... Cela permet, par ex, de choisir l'endroit de la pause du midi, le lieu pour faire étape le soir.
-  En été, un versant nord sera plus difficile, et moins accueillant, avec moins de végétation et plus de caillasse...  En hiver ou au printemps, on a toutes les chances d'y trouver la neige ( ou la glace !).

     De même, les "formes" de la montagne sont invariables = en gros,ça monte tranquille, puis ça monte raide, puis c'est plat,  et on recommence...

  En bas, éventuellement une prairie, mais très vite, une forêt, plus ou moins dense  selon le versant, selon l'altitude. Souvent assez raide.
  Ensuite, la pente s'apaise, on atteint avec un replat, avec des herbages en fleurs, paradis pour moutons... et des marmottes.
  Pentes à nouveau plus raides, l'herbe devient plus humide ( et glissante...), les barres rocheuses se présentent aussi, il y a plus de pierres qui roulent sous les pieds, l'herbe est progressivement remplacée par les les cailloux. On atteint des éboulis de gros blocs  rocheux et instables entre lesquels poussent d'abord des petits buissons  ( très piégants car souvent humides et glissants, masquant  les trous entre les blocs).
  Genre d'éboulis de gros blocs qui sont souvent précurseurs d'un verrou rocheux escarpé. Après  la limite supérieure de ce verrou, on atteint un plateau, où serpente tranquillement un ruisseau, où s'étale un lac.
  On continue = nouveaux éboulis de gros blocs, nouveau verrou, nouveau lac. Ou début de la neige ou du glacier...
  On continue encore, car le col ou la petite brèche, ou le sommet sont en vue.
Sauf  neige ou glace, ce sera encore des gros éboulis, puis un pierrier avec des cailloux, de plus en plus petits, entre des murs de roches.
   Il ne reste plus qu'à descendre, avec en gros, les mêmes caractéristiques successives du cheminement.

   Si le parcours monte le long  d'un ruisseau ou un torrent, quelle que soit l'altitude ce sera une succession de cheminements  faciles ( pente douce, vallon large)  et de passages  plus compliqués, plus dangereux . 
Le vallon facile se resserre  toujours et devient une  gorge  avec  des tas d'obstacles glissants,  jusqu'à un mur de roche d'où le torrent tombe en cascade. Il faut donc observer devant soi, remarquer l'endroit où le vallon va se resserrer et pour prendre de l'altitude et contourner  le  mur rocheux.

   Le type de roches détermine pas mal de choses.
Sur un massif calcaire, comme le Vercors, l'eau s'infiltre en profondeur, en été elle sera   rare en surface. Il y aura plus de "trous", de gouffres.
Sur un massif schisteux, la roche a tendance à se désagréger, à se transformer en boues glissantes.
Sous un glacier, on trouvera des moraines, amas  de débris de l'érosion qui vont de gros blocs rocheux jusqu'à du sable, de la "farine de roche", formant parfois des espèces de "dunes" élevées. On risque aussi de rencontrer des "dalles", càd. de la roche granitique polie par l'écoulement de la glace, lisses et très glissantes dès qu'elles sont humides.

    Déjà sur la carte IGN, ces aspects de la montagne se laissent plus ou moins deviner.


6- Prendre des repères ,  se situer sur le terrain et s'orienter.
   
     Avant le départ, la préparation sur carte permet de choisir et de mémoriser des repères que l'on identifiera sur le terrain, jalonnant l'itinéraire, permettant de vous situer.
Le relief cache souvent l'objectif, ou est source de confusions,cachant la cabane ou le lac que l'on veut atteindre, vous faisant confondre un petit col , un sommet avec un autre.

   Le  repérage et jalonnement de l'itinéraire sera gage de confort et de sécurité.
Un petit ruisseau, la limite de la forêt, tel hameau en bas, un pic caractéristique, la cabane qu'on aperçoit au loin, un replat, un petit lac..., une combe orientée au sud, l'autre plein, un couloir très pentu, etc,...  les points de repères abondent, sur la carte comme sur le terrain.
    Seul, un point de repère,ne vaut pas grand chose, sauf par ex., telle cabane bien identifiée. Rien ne ressemble plus à un torrent  qu'un autre. Mais on ne pourra pas le confondre avec un autre, si on a remarqué qu'il doit faire cascade 100 mètres plus haut, qu'il s'écoule à droite de la cabane  en bas, qu'un petit pont doi être visible ou pas...

    Sur le terrain, le 1er jalon, la première étape, c'est le point de départ.
Au départ, il n'est pas inutile de "perdre"  l 5 ou 10  minutes pour s'assurer  (et faire les observations et comparaisons entre carte et paysage en vue) que l'on part bien de l'endroit prévu.  D'autant plus qu'aux points de départs, s'entrecroisent souvent des tas de sentiers en tous sens...
    Durant la marche,  "perdre" encore du temps pour vérifier et comparer entre carte et vision du paysage jalons et points de repères.
    Même  et surtout si l'on est quasi-certain de savoir où l'on est = "presque certain" n'est pas sûr à 100 %, vous ménera un peu plus loin où là, il sera trop tard, car vous ne reconnaîtrez plus aucun point de repère. Là, vous vous engagerez vers de l'incertain et du hasardeux, vers un passage trop dangereux pour vous (petite crise de nerf éventuelle en plus...).
    Le principe est  simple :  on se repère et on se situe dans le connu, pour aller vers l'inconnu. Pas l'inverse. ( à moins d'avoir l'esprit très aventureux...)


7 - Et la boussole ?

     C'est le complément de ce travail (pas déplaisant du tout, en réalité) de repérages et de comparaisons.
     Un tryptique ( carte / paysage réel / boussole) qu'il faut s'exercer à faire fonctionner ensemble, pour se situer, pour vérifier la direction que l'on doit prendre,
pour vérifier que l'on s'engage bien vers le col prévu.

     Une technique qui s'acquiert facilement.  En gros  =
  
La boussole doit être à "plaquette", pas une espèce de boussole dans une sphère)


   Sur la carte qu'on a étalée à plat, on  place la boussole, parallèle aux lignes verticales de la carte qui indiquent le nord( celui de la carte, mais pas forcément votre  nord à vous, celui que vous devez retrouver...)
   Sans déplacer la boussole sur la carte, on tourne le cercle de la boussole ( qui  de façon à ce que le repère Nord marqué sur la boussole et le Nord indiqué par l'aiguille coïncident.
 
   Ensuite, on  fait glisser la carte sous la boussole, pour faire coïncider nord de la boussole et nord de la carte.
   A présent, les points de repères de la carte et ceux  du terrain sont alignés sur les mêmes axes de vision qui se présentent à vous, de l'endroit où vous êtes.
   Maintenant, à vous de vérifier  en comparant si tel col que la carte indique à gauche ( càd à l'ouest par ex., ), dans le prolongement de tel pierrier, à droite de tel lac ou barres rocheuses, est bien le col que vous voyez et sous lequel vous avez prévu de remonter ou celui sous lequel vous voulez  planter la tente.
 
       Plus compliqué, mais pas rarement absolument indispensable, ( sauf en cas de brouillard)  c'est le relevé de l'azimut =
l'azimut, c'est un angle en degré, marqué par la boussole et la carte qu'on a convenablement orientées toutes les 2. 
En reprenant la marche, on conserve cet angle indiqué sur la boussole, qui nous donne l'azimut, c'est à dire la direction à prendre.
     S'orienter et marcher à l'azimut, ça ne se s'improvise pas, ça demande un apprentissage.
     Pour ça, il existe des petits manuels, sans parler du Net...
 

8- Mémento "orientation en montagne" 

  >>   document réalisé par le GUM - Grenoble Université Montagne   <<
         
( en format .pdf,   lisible avec Acrobat reader)


   

     










  
  
  
  








02/03/2008
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