les Montagnards Unis

Résister au froid

1- D'où vient le froid de la montagne ?
2- Les réactions du corps face au froid
3- Quels vêtements contre le froid ?
4- Des accessoires, petits mais vitaux
5- Quelle alimentation ?


1- D'où vient le froid de la montagne ?

En moyenne, à chaque fois que l'on s'élève de 100 mètres en altitude, la température diminue de 0,6 degrés.
Si à l'altitude 0 mètres, il fait 6°, à 1000 mètres la température passera à 0°, ...,
à 2000 m.,  il fera -6°, ..., à 3000 m. on atteindra -12°, ..., à 4000 m., il fera un petit -18° .
On pourrait s'imaginer qu'en s'élevant, on se rapproche du soleil, et que les températures devraient s'élever elles aussi...
Le problème, c'est qu'en  altitude, l'atmosphère devient de  moins  en moins dense, avec notamment de moins  en moins  de vapeur d'eau, qui "retiennent"  les rayonnements solaires.

Le vent ( plus fréquent et plus fort en montagne) aggrave ce refroidissement, de façon exponentielle.
Avec une température de 0°, sous un vent faible de 18 km/h, le corps ressent un froid de -3°.
Avec la même température extérieure, sous un vent moyen de 36 km/h, on ressent -16°. 
Si le vent souffle en début de tempête à 72 km/h, on ressent -21°.

Il faut se méfier aussi du sol enneigé ou pas, d'une chute dans la neige (surtout  quand il fait moins froid et que la neige n'est plus poudreuse mais  "mouillée") comme de l'humidité, qui "retiennent et transmettent"  le froid.
Humidité provoquée aussi par l'effort musculaire et la transpiration.


2-  Les réactions du corps face au froid

Une évidence = face au froid, le corps se défend en puisant dans ses réserves de calories et de graisses. C'est peut-être bon pour maigrir, ( ???), mais cela fatigue, voire épuise dangereusement.
Notamment quand on commence à frissonner : c'est un réflexe spontané, le corps se fatigue encore un peu plus en cherchant à provoquer de la chaleur musculaire.
Aeeivznt ensuite les phénomènes suivants (en plus de la destruction des cellules par le gel) = le corps ne se défend plus en vain par des frissons épuisants, mais en "acceptant " de baisser sa température interne,  en passant en hypothermie, en se ralentissant, jusqu'à l'endormissement comateux...
Les 2  parades,  c'est évidemment une alimentation adaptée, qui va permettre au corps de stocker et reconstituer des réserves, ainsi que des protections extérieures contre le froid.

Moins connu, mais les conséquences peuvent être graves  = la circulation sanguine se modifie.
Par réflexe, les organes vitaux, coeur et cerveau sont protégés en priorité, le corps fait le choix de les alimenter en priorité, la circulation sanguine s'y concentre, apportant calories, oxygène et eau.
Mais en même temps, les extrémités du corps, (mains, pieds, oreilles...)  sont moins irriguées par le sang. Elles se refroidissent plus vite, se "dessèchent", les cellules s'abiment, meurent ou gèlent.  A ce réflexe de moindre circulation sanguine dans les extrémités, s'ajoute le fait que le sang est moins "fluide", le corps se déshydratant  plus vite en montagne.
Les cas de gelures extrêmes ( "mort et pourrissement  des doigts ou d'un pied" par ex, nécessitant  l'amputation ) sont rares, mais on peut avoir vite des petits bobos, aux doigts par ex, très  douloureux et handicapants.

Mais le retour à la chaleur est  douloureux aussi.
Face au froid, toutes ces extrémités tendent à devenir insensibles, et il suffit d'un petit retour de la chaleur ( un simple rayon de soleil, ou la descente d'altitude) pour que le sang circule à nouveau dans les extrémités.
Cela suffit à provoquer un retour de la sensibilité, assez douloureux, mais qui ne dure pas plus d'une quinzaine de minutes dans les cas les plus habituels "d'onglée".  Si les extrémités ont été plus sévèrement ou plus longuement exposées au froid, des plaies, des gerçures se sont formées et deviennent d'autant plus douloureuses avec le retour de la chaleur et du sang.
On peut pendant quelques jours avoir beaucoup de mal à saisir un objet... 

( expériences vécues, par méconnaissance, lors d'une randonnée de plusieurs jours dans le Queyras au printemps = 
dans les refuges non-gardés et non-chauffés, les objets, les tables, les couvertures étaient très froids, je n'avais pas pris de gants adaptés pour le soir. C'est quand je suis revenu dans la vallée, et pendant une bonne quinzaine de jours, que  j'ai vraiment souffert, avec des plaies aux doigts qui cicatrisaient difficilement. Des doigts qui sont restés longtemps fragiles..)

Bref, le retour à la chaleur doit être le plus progressif possible. Et après une exposition au froid, les pommades irriguant la peau sont utiles, même si elles ne font pas des miracles.
 

Evidemment, le mieux est de se protéger par avance du froid.
Et surtout, ne pas attendre de ressentir le froid pour agir.

Notamment en appliquant ce fameux dicton de Loranger =
" Si tu ne veux pas avoir froid aux pieds et aux mains,
mets-toi un bonnet sur la tête ! "


3-  Quels vêtements contre le froid ?

En montagne, la température change constamment.
Un coin à l'ombre, l'autre au soleil ..., un petit vent, ..., on a chaud pendant l'effort, on refroidit vite à la pause...
Bref, plutôt qu'un gros vêtement très chaud ( à moins que vous vouliez traverser l'Antartique en solo...), la protection contre le froid passe par plusieurs vêtements qui permettent de s'adapter rapidement aux changements de circonstances.
Les principes de base =  "triple-couche", comme le double-vitrage.
Plus la
la rapidité de séchage, la solidité, la polyvalence, le prix ...


Une sous-couche moulante  =
collants et maillot,près du corps,  ne laissant pas passer l'air extérieur. Il en existe de différentes qualités, plus ou moins chaudes, jusqu'à 40 ou 50 euros.  Mais à 5 euros, on peut déjà trouver quelque chose de fonctionnel. 
En été, et selon l'altitude, on mettra une sous-couche moins chaude, ou on ne l'enfile que le soir venu... De même, s'il fait relativement chaud, pour une balade tranquille à la  journée, je porte un tee-shirt (  Décathlon pour 7, 8 euros en fait de très biens, légers et respirants). Mais si je pars plusieurs jours, été ou pas, j'ai dans mon sac au moins 1 sous-couche moulante et intégrale, bas et haut  (c'est pas bien lourd).

La couche intermédiaire=
        Pour le haut c'est un gilet polaire. Mieux vaut investir dans une polaire de qualité. Elle servira longtemps, et pas seulement en montagne, elle sera plus efficace et plus agréable.
La qualité n'est pas une question d'épaisseur, mais de fibres, de coutures, de poches et de fermetures.
Moi, pour les Alpes, je suis partisan uniquement des gilets polaires avec  une fermeture à glissière intégrale = cela permet de mieux s'adapter aux variations de température, en ouvrant ou en fermant progressivement le gilet.  Vérifier aussi que le gilet remonte bien sur le cou. Vérifier que la polaire puisse bien  se fermer autour des poignets comme autour des hanches.
      Il existe maintenant des polaires genre "wind-protect",  qui servent aussi de "3ème  couche", chéro ... Je ne m'en sers pas, je suis sceptique, je pense qu'il vaut mieux une veste correcte et une polaire ordinaire en dessous...

        Pour le bas,  et seulement par temps très froids, ou pour le ski alpin par -10°, j'ai un vulgaire pantalon de survêtement en deuxième couche, il me suffit amplement. Mais il est toujours dans mon sac, été comme hiver. Je l'enfile systématiquement le soir, en plus ça permet de faire sécher rapidement le pantalon de 3ème couche et de le renfiler ensuite, par dessus ce survêtement.

La troisième couche =
       Pour le haut, je proscris les "doudounes", ( sauf pour l'Himalya et le Mont-Blanc un soir de 31 décembre) ainsi que  toutes les vestes soi-disant rembourrées contre le froid. Sauf  très bonne qualité, elles ne conservent pas vraiment votre propre température  (c'est les deux premières couches qui remplissent cette fonction), elles s'imbibent de votre transpiration, elles sont malcommodes à sécher. Et elles sont lourdes.
   Bref, ce qu'il faut, c'est une "veste de montagne" (et qui servira ailleurs), légère mais imperméable et respirante. Le rôle de cette troisième couche, c'est de protéger du vent et de l'humidité extérieure, tout en laissant s'évacuer l'humidité interne provoquée par l'effort musculaire.
On appelle ça une "Gore-Tex". En fait, il s'agit d'une marque et d'une espèce couche  spéciale qui recouvre les fibres du tissu. C'est un label qui peut coûter cher, 300, 400 euros pour une très bonne veste. Mais pour une centaine d'euros, et sous une autre marque, on peut déjà trouver quelque chose de bien.
Les fermetures sont très importantes aussi = une bonne capuche qui puisse s'adapter et bien tenir face au vent, une fermeture qui remonte bien jusqu'au menton, fermetures ajustables pour les poignets et autour des reins. Avec des fermetures à glissière sous les bras, permettant de réguler encore mieux la température, c'est l'idéal.
        Pour le pantalon, on peut être un peu moins exigeant. Il existe des tas de pantalons hyper-spécialisés, pour l'hiver, pour l'été, pour le ski, pour la randonnée, pour l'escalade...  Et chers.
En toutes circonstances,  (sauf vraiment très grosse chaleur d'été), j'ai le même pantalon, relativement polyvalent, solide, protégeant assez bien du vent et un peu moins de l'humidité extérieure, pas chaud en lui-même (c'est les 2  autres couches que j'adapte , en fonction des circonstances). Mais surtout, un pantalon solide ( attention aux coutures !) et qui sèche vite, très vite...
Je me passe très bien, même pour plusieurs jours de ski de randonnée de ces vrais  pantalons "Gore-tex"  qui coûtent  très  cher et s'adaptent  mal à l'été.
Mais déjà, ce type de pantalon dont je me sers  coûte facile entre 80 et 120 euros. Seulement, je l'utilise sans problème 5, 10 ans, de façon intensive.


        Pour le haut comme pour le pantalon, en deuxième comme en troisième couche, il faut veiller aussi à la fermeture des poches !
C'est bête, mais c'est un détail de sécurité important  ( expériences vécues !!!) . Perdre un bonnet, perdre un briquet parce que la poche est mal fermée, est trouée,..., ça peut vite devenir très ennuyeux et dangereux.
Donc, bonnes coutures, et bonnes fermetures à glissières, y compris pour le gilet polaire. Normalement, pour attraper plus facilement la glissière, surtout quand on a de gros gants  aux mains, elles sont munies d'un petit cordon.  Si ce cordon manque, c'est pas compliqué d'un fixer un.

Et puis, ne pas craindre de "perdre" quelques secondes, quelques minutes, pour bien refermer ses poches, bien vérifier leur fermeture...

      

4-  Des accessoires, petits, mais vitaux


Le bonnet, ( voire 2,  pour pallier une perte accidentelle) en  application du principe "Si tu ne veux pas avoir froid aux mains ou aux pieds, couvre-toi la tête".
La plupart du temps, je dors avec le bonnet sur la tête...

Une écharpe = c'est léger comme tout, mais c'est fou comme ça peut améliorer la vie, par grand vent ou le soir.

Les gants . Ne jamais les perdre, ne jamais les oublier. Renoncer à la balade si on ne les a pas ou plus.
J'en ai toujours 2 paires, une de "jour", une de soir et de nuit. En hiver, une grosse paire de gants de ski  vraiment imperméables  pour le jour et une paire plus fine, et pas chère, en polaire pour le soir. Avec cette deuxième paire, on fait toutes les petites activités vespérales, allumer le feu si ça se trouve, jouer aux cartes, etc... ou même dormir avec.
Pour éviter de perdre ces gants de jour, qu'on  retire et remet sans cesse, un petit élastique cousu et qu'on enfile autour du poignet vous évitera de voir vos gants dévaler 500 mètres de pente...

Les chaussettes  =
 avoir les pieds au sec le soir, c'est essentiel  .
Une règle absolue, en toutes saisons : en avoir toujours au moins une seconde paire, que l'on garde sèche et  que l'on réserve pour le soir, et pour le dodo dans le  duvet.
En général, j'en emporte et enfile 2 paires pour le soir = la première fine et ordinaire, et une seconde plus épaisse et plus chaude.
Les chaussettes de "jour", peuvent rester humides, c'est pas trop grave.
En fonction de la saison, ces chaussettes de jour amortissent plus ou moins les chocs sous les pieds, sont plus ou moins chaudes, plus. ou moins montantes...

Des sandales en mousse =  pour le soir.
Vous avez marché ou skié toute la journée, vos chaussures sont souvent froides, mouillées à l'intérieur. Les chaussettes du soir, sèches et chaudes,  ne le resteront pas longtemps si vous gardez ces chaussures aux pieds.
Quant à marcher  en chaussettes, vous vous rendrez vite compte que c'est glagla, même en été.
L'astuce à Loranger = pour quelques euros et quelques grammes, mettez dans votre sac des sandalettes de plage en mousse. La mousse isole très bien du froid et de l'humidité. Et si ces sandales sont munies d'une attache autour de la cheville, vous pourrez marcher sur le neige regelée du soir ou sur les cailloux sans problème  (ou presque...) .

Des guêtres =  surtout pour les balades en raquettes, ou en crampons, ça évite de transformer l'intérieur de ses chaussures en lac glaciaire.
Tant qu'à faire, ne chipotez pas  : pour quelques euros de plus, laissez tomber les modèles les plus petits et prenez celles qui arrivent jusqu'à mi-mollet.
Un randonneur ou alpiniste normal et pas trop maso peut  se passer des modèles les plus chers, en "Gore-tex".

Lunettes de soleil =  en principe, elles ne sont pas là pour protéger du froid.
Mais par grand vent, si elles sont bien enveloppantes, ça sert aussi. (Le masque, je le réserve au ski de piste d'hiver)

Couverture de survie = Des randonneurs sont morts de froid, fin juin, en Corse, à 1500 mètres d'altitude, une nuit d'orage. Ils s'en seraient sortis avec une couverture de survie.
Couverture de survie qui doit être dans le sac de toute personne en montagne,  ça ne pèse rien, ça ne coûte rien.
Ne soyez pas excessivement radin, n'achetez pas le modèle genre aluminium de tablette de chocolat, mais le modèle plus cher d'un ou 2 euros,  plus épais, plus plastifié, et plus solide, elle fera beaucoup d'usages.
Elle est une protection sommaire, mais vitalement efficace contre le vent, la pluie et la neige. En vous protégeant du froid humide du sol, elle vous permettra un pique-nique plus agréable et plus reposant ..., et je ne parle même pas d'une petite sieste bien méritée et reconstituante...
Si vous campez, étalez-la  sur le sol à l'intérieur de la tente. Sur la neige, elle évitera que la fonte surperficielle causée par votre température traverse et trempe le duvet. Et de toutes façons, le sol est toujours plus ou moins humide et froid...
Si vous avez besoin de bricoler sous votre voiture, ou si vous voulez protéger la moquette quand vous repeignez le plafond, c'est pas mal aussi !

Le matelas de mousse = absolument indispensable, si l'on est sous la tente ou en bivouac.
Pas tant pour se protéger de la dureté du sol, mais du froid qui est encore plus gênant et dangereux.
Les matelas "autogonflants" ? moi, je trouve ça lourd, cher, et fragile, pas adapté pour une balade au long cours.
Le matelas en mousse le moins cher, (5 ou 6 euros), me suffit amplement : très efficace contre le froid du sol,  increvable et léger.
Seulement, ils ne sont pas assez larges. Avec 50 cm de large, dans la nuit, on a vite fait de bouger, de se retrouver sur le froid et le dur, et de très mal dormir au final.
Astuce à Loranger = j'en achète un deuxième, j'en coupe une bande de 20, 30 cm. de large , je  colle cette bande bord à bord à l'autre matelas, je renforce avec une bande d'adhésif de déménageur (le tout avec de la colle néoprène).
Et je dors comme un ange...
La limite pour élargir  ce matelas tient  au fait que durant la marche, le matelas est fixé à l'extérieur du sac à dos ( de préférence verticalement, sur le côté et non pas horizontalement = on accroche moins entre les arbres ou les rochers).
A vous de tester la bonne largeur supplémentaire, en fonction de la taille de votre sac.
Je vous laisse imaginer tous les astucieux usages que vous pourrez faire  avec les restes du matelas que vous avez coupé...






5-  Quelle alimentation ?



02/03/2008
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